Hors-piste durable en Gaspésie
On sent l’arrivée d’un nouveau tourisme au Québec. Un tourisme plus durable, plus responsable, plus vert et assurément plus inspirant. Depuis que l’on arpente les quatre coins de la province, on a découvert de véritables entrepreneurs amoureux de la nature qui ont envie de bien faire les choses, de développer de façon raisonnée en pensant au-delà des chiffres.
C’est avec grand bonheur que l’on vous présente, en collaboration avec Bonjour Québec, des initiatives qui ont fait vibrer notre fibre verte. Et parce que selon nous, le tourisme durable et responsable est avant tout une affaire de cœur et de vision, on vous propose de rencontrer de vrais de vrais passionnés innovateurs que nous avons eu la chance de croiser lors de notre dernier séjour en Gaspésie.
Plus particulièrement, deux projets ont retenu notre attention… Les voici!
Photos : Au Québ
Développer un nouveau territoire
Sarah-Maude et Dany sont les crinqués derrière Cap Castor ski hors-piste, entreprise lancée il y a un peu plus de cinq ans à Sainte-Anne-des-Monts. Ce projet se veut avant tout une histoire d’amour pour la poudreuse et la nature partagée par les sympathiques proprios. Et un amour qu’ils transmettent maintenant à leurs deux filles, mais également aux clients privilégiés qui s’aventurent sur leurs terres.
Tout a commencé quand Dany, alors dans ses jeunes années, a acheté un premier morceau de terrain dans le secteur qui était à l’époque en fort déclin. À ce qu’il paraît, il fallait voir le potentiel en Haute-Gaspésie à cette époque! N’habitant pas dans la région, il venait quand même souvent skier son territoire avec Sarah-Maude, qui a un bon bagage en compétition alpine. Au fil du temps, une idée a fini par germer : « Et si on ouvrait un site de ski hors-piste? »
Depuis, Cap-Castor a pris beaucoup d’envergure offrant aujourd’hui 25 pistes réparties sur 450 acres de terre. Et du travail, croyez-moi… il y en a eu sur ce territoire! Tout a été bûché à la main par les proprios et le père de Dany, et ce, avec un grand respect de la ressource. Ils ont acquis de l’équipement forestier faisant en sorte que les arbres abattus soient transformés sur place, à leur moulin portatif. L’économie circulaire prône ici, alors que le bois est converti en planches et même en lambris pour des aménagements chez Cap Castor ou pour d’autres projets de Dany, également entrepreneur en construction. Il se spécialise dans des réalisations en nature qui le font vibrer comme par exemple, le tout nouveau bâtiment au pied du mont Lyall. Cette matière première a donc notamment rendu possible la fabrication d’un charmant refuge éco de luxe alimenté à l’énergie solaire au sommet du domaine. Il n’existe pas plus « approvisionnement local » que ça!
Photos : Au Québ
Certains arbres sont, pour leur part, convertis en bois de chauffage, celui-ci est ensuite vendu au camping du Sea Shack par le père de Dany, Yvan Dubois (hé oui, le jeu de mots ici!). Et comme rien ne se perd, les rebuts de sciage et de débroussaillage (BRF pour bois raméal fragmenté) sont même utilisés dans la petite fermette sur le site.
L’aspect humain est super important chez Cap Castor. Là-bas, on stationne la voiture à côté du poulailler familial et on skie littéralement dans la cour arrière des sympathiques proprios. On est toujours accompagné d’un guide, de sorte qu’on n’est pratiquement jamais plus d’une vingtaine de personnes sur le domaine en simultané. Sarah-Maude et Dany développent de façon intelligente; pas d’idées de grandeur démesurées et d’explosion du nombre de visiteurs en vue… On s’y rend plutôt pour se sentir seul au monde et s’adonner à un loisir contemplatif tout en admirant l’estuaire, un point c’est tout.
Faisons le calcul… Ça en prend du temps pour bûcher une piste bien pentue qui sera skiée quelques semaines seulement par année. Mais à voir la satisfaction sur le visage de Sarah-Maude et de Dany lorsqu’ils observent leurs clients négocier leurs premiers virages de poudreuse, l’effort en vaut clairement la chandelle!
Chapeau à ces deux passionnés de leur belle nature gaspésienne.
Photos : Au Québ
Donner un nouveau souffle à une ville
L’histoire de Murdochville, on la connaît tous. Avec la fermeture de la mine de cuivre au début des années 2000, il fallait être pas mal visionnaire pour démarrer un projet touristique là-bas. Et c’est exactement le défi que s’est lancé Guillaume en quittant Montréal pour retourner dans sa Gaspésie natale en 2009, afin de fonder le Chic-Chac.
À ce moment-là, les maisons se vendaient pour aussi peu que 5 000$… Ça donne une idée! Avec les monts Porphyre, York et Miller juste à côté et le parc de la Gaspésie tout près, Guillaume a eu la vision de créer un incontournable pour le hors-piste au Québec. Et il a bien réussi! Aujourd’hui, quand on arrive à Murdochville, on croise littéralement des gens en ski dans la rue, qui reviennent doucement d’une sortie à une montagne voisine. Et personne ne s’en surprend… La ville respire le plein-air maintenant, été comme hiver.
Le Chic-Chac ne cesse de croître depuis son ouverture. L’entreprise a fait l’acquisition en 2020 de l’ancienne église du village et l’a transformée en quartier général en y greffant un bar, un grand restaurant et un espace pour des spectacles. Le Mont-Miller a également été acheté par le Chic-Chac et des investissements majeurs ont été faits, notamment l’ajout d’un système d’enneigement. Résultat? Plusieurs emplois ont été créés dans la communauté pour opérer tous ces ajouts.
Lors de notre passage, on a rencontré plusieurs nouveaux locaux qui ont décidé de venir s’établir à Murdochville par passion du plein air. Et on ne parle pas ici de guides saisonniers qui sont là seulement en période hivernale, mais plutôt de gens qui ont fait l’acquisition de résidences et qui vouent un amour à la région peu importe le temps de l’année. Ces gens chérissent leurs emplois et la qualité de vie qu’ils leur offrent à un point de choisir Murdochville comme nouveau chez-soi. Le Chic-Chac, avec ses activités estivales dont le camping et le vélo de montagne, propose maintenant des emplois à longueur d’année, de quoi attirer la main-d’œuvre. D’ailleurs, les maisons à Murdochville se vendent dorénavant autour de 90 000$, contrairement au fameux 5 000$ d’il y a à peine 15 ans. On sent bien que la passion du plein air a quelque chose à voir là-dedans!
Bien que des remontées mécanisées (chenillette, hélicoptère et arbalète) soient offertes, c’est l’ascension en peaux de phoque qui a largement la cote ici. Le tourisme hivernal tourne donc autour de ce loisir contemplatif sur un terrain plus grand que nature. Côté rentabilité de déplacement, les voyageurs viennent généralement pour de longs séjours en sélectionnant souvent un camp de base avec plusieurs monts à proximité.
On ne sait pas pour vous, mais on l’aime bien, ce nouveau Murdochville!
Photos : Au Québe
Merci à Bonjour Québec pour cette collaboration ainsi qu’à Tourisme Gaspésie pour l’accueil chaleureux.